Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/70

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aussi long-temps que l’empire. On pleuroit à leurs représentations, comme à celles des autres comédiens : elles avoient même l’avantage de plaire beaucoup plus, parce que l’imagination est plus vivement affectée d’un langage qui est tout en action. Enfin la passion pour ce genre de spectacle vint au point que dès les premières années du règne de Tibère, le sénat fut obligé de faire un réglement pour défendre aux sénateurs de fréquenter les écoles des pantomimes, & aux chevaliers romains de leur faire cortége dans les rues.

« L’art des pantomimes, dit avec raison l’Abbé du Bos[1], auroit eu plus de peine à réussir parmi les nations septentrionales de l’Europe, dont l’action naturelle n’est pas fort éloquente, ni assez marquée pour être reconnue bien facilement lorsqu’on la voit sans entendre le discours dont elle doit être l’accompagnement naturel…

  1. Refl. Crit. Tom. III. Sect. XVI. P. 284.