Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/92

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Il devoit arriver à la musique d’être critiquée, à mesure qu’elle se perfectionneroit davantage, surtout si les progrès en étoient considérables & subits : car alors elle ressemble moins à ce qu’on est accoutumé d’entendre. Mais commence-t-on à se la rendre familière ? On la goûte, & elle n’a plus que le préjugé contr’elle.

§. 54. Nous ne saurions connoître quel étoit le caractère de la musique instrumentale des anciens : je me bornerai à faire quelques conjectures sur le chant de leur déclamation.

Il s’écartoit vraisemblablement de leur prononciation ordinaire, à peu près comme notre déclamation s’éloigne de la nôtre, & se varioit également selon le caractère des pièces & des scènes. Il devoit être aussi simple dans la comédie, que la prosodie le permettoit. C’étoit la prononciation ordinaire, qu’on n’avoit altérée qu’autant qu’il avoit fallu pour en apprécier les sons, & pour conduire la voix par des intervalles certains.