Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome I.djvu/119

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l’habitude de ſuivre, marqueront les inſtans qu’elle apperçoit confuſément dans le paſſé & dans l’avenir. Ainſi, lorſqu’elle ſentira une roſe, ſa mémoire lui rappellera diſtinctement l’odeur de jonquille & celle de violette ; & elle lui repréſentera une durée indéfinie, qui a précédé l’inſtant où elle ſentoit la jonquille, & une durée indéfinie, qui doit ſuivre celui où elle ſentira la violette. Cette durée eſt pour elle une éternité. Appercevant cette durée commeindéfinie, elle n’y peut démêler ni commencement ni fin : elle n’y peut même ſoupçonner ni l’un ni l’autre. C’eſt donc à ſon égard une éternité abſolue ; & elle ſe ſent, comme ſ