Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/177

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peu-à-peu à cette nourriture ; & l’habitude qu’elle s’en fait, devient quelquefois ſi grande, qu’elle influe autant dans ſon choix, que le plaiſir même.

Elle mêle donc bientôt des jugemens au plaiſir qu’elle trouve à en faire uſage. Si elle n’en mêloit pas, elle ne ſeroit portée à manger, que pour ſe nourrir. Mais ce jugement, il eſt bon, il eſt excellent, il eſt meilleur que tout autre, lui fait un beſoin de la Senſation qu’un fruit peut produire. Ce qui ſuffit alors à la nourrir, ne ſuffit pas à ſon plaiſir. Il y a en elle deux beſoins, l’un cauſé par la privation de nourriture, l’autre