vention pour le département du Mont-Blanc.
Marcos appartenait à la section des montagnards ;
il logeait depuis quelques jours chez
madame Vernet. Sous son déguisement, Condorcet
n’avait pas été reconnu ; mais était-il
possible de compter longtemps sur le même
bonheur ? L’illustre proscrit fait part de ses inquiétudes
à son hôte dévouée. Attendez, dit-elle
aussitôt, je vais arranger cette affaire. Elle
monte chez Marcos, et, sans aucun préambule,
lui adresse ces paroles : « Citoyen, Condorcet
demeure sous le même toit que vous ; si on
l’arrête, ce sera vous qui l’aurez dénoncé ; s’il
périt, ce sera vous qui aurez fait tomber sa
tête. Vous êtes un honnête homme, je n’ai pas
besoin de vous en dire davantage. » Cette noble
confiance ne fut pas trahie. Marcos entra même,
au péril de sa vie, en relations directes avec
Condorcet. C’était lui qui le pourvoyait de romans
dont notre confrère fesait une grande consommation.
Cependant, une distraction, un accident fortuit, pouvaient tout perdre. Madame Vernet comprit que ses efforts finiraient par être vains, si on n’occupait pas fortement la tête du prisonnier.