assurer qu’ils confirmeront ce jugement que portait
Daunou sur l’ensemble de l’Esquisse : « Je
n’ai connu aucun érudit, ni parmi les nationaux, ni parmi les étrangers, qui, privé de
livres comme l’était Condorcet, qui, n’ayant
d’autre guide que sa mémoire, eût été capable
de composer un pareil ouvrage. »
Dès que l’état fébrile d’auteur eut cessé, notre confrère reporta de nouveau toutes ses pensées sur le danger que sa présence, rue Servandoni, faisait courir à madame Vernet. Il résolut donc, j’emploie ici ses propres expressions, il résolut de quitter le réduit que le dévouement sans bornes de son ange tutélaire avait transformé en paradis.
Condorcet s’abusait si peu sur la conséquence probable du projet qu’il avait conçu ; les chances de salut, après son évasion, lui paraissaient tellement faibles, qu’avant de se dérober aux bienfaits de madame Vernet, il rédigea ses dernières dispositions.
Cet écrit, je l’ai tenu dans mes mains, et j’y ai trouvé partout les vifs reflets d’un esprit élevé, d’un cœur sensible et d’une belle âme.