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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/167

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CLIII
DE CONDORCET.


les portes de Paris. Je suis donc décidé à ne vous point quitter. »

C’était à dix heures du matin, en plein soleil, dans une rue très-fréquentée, à la porte même de ces terribles prisons du Luxembourg et des Carmes d’où on ne sortait guère que pour aller à l’échafaud ; c’était devant de lugubres affiches portant, en gros caractères, que la peine de mort serait infligée à quiconque prêterait assistance à des proscrits, que M. Sarret s’attachait aux pas du proscrit illustre. Ne trouvez-vous point qu’une pareille intrépidité va de pair, tout au moins, avec celle qui précipite des soldats sur l’artillerie tonnante d’une redoute ?

Le petit nombre d’heures qui doit nous conduire à un dénoûment funeste, éveillera peut-être de bien pénibles sentiments ; aussi, tout en respectant les droits imprescriptibles de l’histoire, serai-je bref.

Les deux fugitifs échappèrent par une sorte de miracle aux dangers qui les attendaient à la barrière du Maine, et se dirigèrent vers Fontenay-aux-Roses. Le voyage fut long : après neuf mois d’un repos absolu, notre confrère ne savait plus marcher. Enfin, sur les trois heures