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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Je suis très-malade, et tout de bon, quoique l’hiver soit doux. La faculté digérante me quitte, et par conséquent la faculté pensante. Il me reste l’aimante ; j’en ferai usage pour vous tant que je serai dans l’état du président Hénault, dont j’approche fort[1] ; j’entends l’état où il était avant de finir : c’est peu de chose qu’un vieil académicien.

La faculté écrivant me quitte. Le vieil hermite vous assure de ses tendres respects.


3. À Condorcet.
À Ferney, 6 janvier 1771.

J’ai été, Monsieur, bien malade et bien affligé. Ma pauvre colonie est aussi délabrée que moi ; j’ai bien peur que les maisons que j’ai bâties ne deviennent inutiles, et que mon pauvre petit pays ne retombe dans le néant dont je l’avais tiré.

Les vers que vous m’avez cités de M. de la Harpe sont très-beaux. Il faut qu’il soit de l’Académie française, et que vous nous fassiez le même honneur. Nous avons besoin d’hommes qui pensent comme vous.

Ma nièce et moi nous vous souhaitons la bonne année, et dans cette bonne année sont compris tous les plaisirs qu’un philosophe de votre âge peut goûter. Conservez un peu d’amitié au pauvre vieillard enterré dans les neiges.

  1. Le président venait de mourir, le 24 novembre 1770.