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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/207

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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


qu’après ma mort, c’est mon tendre et sincère attachement pour vous, Monsieur, qui méritez autant d’amitié que d’estime.


5. À Voltaire.
10 avril 1772.

Pourquoi, mon illustre maître, ne m’avez-vous pas envoyé le neuvième volume de l’Encyclopédie ? Croyez-vous que personne prenne plus de part que moi au sort de Gargantua ? Je n’ai jamais aimé les mangeurs d’hommes, et depuis que j’ai vu dans vos ouvrages qu’il avait mangé six pèlerins en salade, je l’ai pris en aversion, lui, son abbaye et tous ceux qui en vivent.

Les Druides[1], dont je vous ai parlé, ne sont pas imprimés. I ! y a eu des retranchements à faire après la première représentation. M. Watelet, M. Thomas, les ont faits en présence de l’auteur, à qui le mauvais succès de sa première représentation avait ôté le courage, J’étais avec eux. M. Bergier[2] a eu la bonté d’écrire que nous étions des encyclopédistes qui avaient, en une après-dînée, fait trois ou quatre cents vers impies pour assurer le succès de la pièce. Ce Bergier l’avait approuvée l’année dernière ; mais

  1. Tragédie de l’abbé Leblanc.
  2. L’abbé Bergier, natif de Darney, dans les Vosges, auteur de quelques ouvrages de théologie et de critique, aujourd’hui fort oubliés et dignes de l’être. Il mourut confesseur de Mesdames.