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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.



27. A CONDORCET.


11 décembre 1774.


Le voici enfin cet exécrable procès-verbal ; le voici avec toutes ses contradictions, ses imbécillités et ses noirceurs, accumulées par une cabale de Hottentots Welches ! Deux coquins suscitèrent ce procès horrible uniquement pour perdre madame l’abbesse de Villancour, qui n’avait pas voulu coucher avec eux.

J’envoie aux deux Bertrands l’extrait fidèle des dépositions, avec la réfutation en marge [1]. Il faut espérer que la France se lavera de cet opprobre d’une façon ou d’une autre.

Je donne avis à M. d’Hornoy que j’ai entre les mains la procédure. Je pense qu’il faut absolument purger la contumace : les cinq ans sont passés, on a besoin de lettres du sceau ; mais elles ne sont jamais refusées, c’est une chose de droit.

Il serait plus difficile de réhabiliter le chevalier de La Barre au parlement même. Jamais les assassins ne voudront convenir qu’ils ont été des coupe-jarrets absurdes. On ne pourrait parvenir à cette réhabilitation qu’en cas que la famille obtînt la révision à un autre tribunal. Mais songez que la famille des de Thou n’a jamais pu parvenir à faire revoir le procès de son parent, juridiquement assassiné pour s’être conduit en honnête homme. D’ailleurs je crois qu’il y a eu

  1. On le trouvera à la suite de cette lettre.