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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Je ne mets point dans cette lettre la copie des papiers qui sont entre les mains de madame la duchesse d’Enville, pour ne pas rendre le paquet trop gros.

Les premiers marrons que j’en verrai seront adressés à M. de Rosni-Colbert.

Les vieilles petites pattes de Raton se joignent pour vous embrasser.

V.


32. A CONDORCET.


21 janvier 1775.


Madame Denis et moi, nous avons l’un et l’autre au chevet de notre lit le portrait de M. de Rosni-Colbert-Turgot.

Je n’ose croire que nous le tenions de ses bontés, mais enfin, nous l’avons, et si nous allions à Paris ce carême, nous n’enverrions pas chercher nos poulardes à l’Hôtel-Dieu [1].

Quelle rage avait donc saisi ce diable de Linguet ? Il avait écrit d’abord contre la mauvaise habitude de manger du pain, et aujourd’hui il écrit contre la précieuse liberté de ce commerce nécessaire !

Raton prie vivement l’un des deux Bertrands d’écrire à Frédéric à la première occasion, et de louer prodigieusement ce Frédéric de la protection éclairée qu’il donne à mon cher et vertueux d’Etallonde.

  1. L’Hôtel-Dieu avait autrefois le privilège exclusif de vendre de la viande en carême. Turgot abolit ce privilège, et par là s’attira la haine des dévots.