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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


lettres avec horreur si on nous les présentait. Nous n’en avons jamais voulu, et nous sommes cruellement affligés qu’on se soit obstiné à les demander malgré nous.

D’Étallonde ne veut qu’un mot des avocats : la sentence d’Abbeville portée par des juges incompétents est illégale.

Il faudra bien qu’Élie de Beaumont en convienne. Il ne pourrait, sans prévarication, nous refuser une chose si juste. Si, contre toute attente et contre toute raison, les avocats ne voulaient pas nous donner aujourd’hui le même délibéré que huit autres avocats donnèrent en 1766, après l’assassinat du chevalier de La Barre [1], alors on s’adresserait au roi lui-même à son sacre, et à l’Europe entière, dans un mémoire beaucoup plus fort et beaucoup plus court.

D’Étallonde, protégé par le roi son maître [2], n’a besoin de personne en France. Il n’a autre chose à faire, à mon avis, qu’à manifester l’infamie de ses juges, en attendant qu’il puisse un jour ouvrir la tranchée devant Abbeville.

Votre indignation est égale à la mienne. Parlez, je vous en prie, fortement à Beaumont ; faites-le rougir ; forcez-le à servir la raison et l’innocence.

Que ne puis-je moi-même venir lui parler avec vous !

Voilà encore une occasion où Raton doit griller ses pattes.

V.

Je vous supplie de donner ce petit billet à M. de

  1. Supplicié le 9 août 1765.
  2. Le roi de Prusse.