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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Il y a six édits : 1° la suppression des corvées ; 2° celle des communautés de marchands et d’artisans pour Paris et Lyon ; 3° celle de mille vingt-cinq conseillers du roi ; 4° celle de la caisse de Poissy ; 5° celle des règlements de police pour l’approvisionnement de Paris, règlements qui, s’ils avaient été exécutés, auraient infailliblement amené la famine ; 6° diminution et administration plus raisonnable des droits sur les suifs.

Je vous prie d’observer que les mille vingt-cinq conseillers du roi levaient chacun pour leur part un impôt sur le peuple ; que le Châtelet et le parlement en levaient un autre par les frais des procédures sans fin que les maîtrises occasionnaient ; que les corvées étaient un impôt énorme, plus nuisible encore par l’avilissement où il tenait le peuple que par ce qu’il lui coûtait ;

Que l’impôt pour la réparation et la construction des chemins ne coûtera point à la nation entière le tiers de ce que les corvées coûtaient au peuple seul, et que cependant les édits ne pourront être enregistrés qu’en lit de justice, à moins que, par une faiblesse aussi lâche que la résistance serait absurde, la cohorte des assassins de La Barre n’accepte aujourd’hui ce qu’elle détestait il y a huit jours. Je ne fermerai point cette lettre que je ne sache ce qu’ils auront fait.

J.-F. Montillet[1] se meurt : c’est le prince Ferdi-

  1. Archevêque d’Auch, qui, en 1764, avait public un mandement contre les parlements en faveur des jésuites expulsés.