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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Voici une facétie du Châtelet de Paris. On dénonce à la chambre un livre intitulé Philosophie de la Nature [1], qui se vend avec permission tacite, et qui porte au frontispice 1776. Le livre est brûlé ; on informe contre les libraires, contre l’auteur ; on espère prouver à tout l’univers que le lieutenant de police actuel, qui ne peut manquer d’être un scélérat puisqu’il est l’ami de M. Turgot, a permis la distribution d’un livre abominable. Point du tout : on découvre que l’ouvrage, approuvé par un janséniste zélé pour la bonne cause, a été permis il y a cinq ou six ans [2], et que le frontispice est une ruse de libraire, et le Châtelet est trop heureux d’étouffer sa sottise.

J.-F. Montillet [3] est dans le sein d’Abraham. C’est, dit-on, l’évêque de Châlons, Juigné, qui lui succède. Le bénéfice vaut près de quatre cent mille livres de rentes.

Nous nous trouvons fort bien ici d’avoir en quarante volumes ce qui était en cinquante-quatre [4] ; mais soyez sûr qu’à l’exception de cette commodité pour le public et de l’argent qu’elle rapportera au

  1. Par de Liste de Sales.
  2. Davantage. La première édition est de 1769, en trois volumes in-12.
  3. Archevêque d’Auch, de l’Académie française. Voyez la lettre n° 46.
  4. L’édition des œuvres de Voltaire, faite à Genève par Cramer et Bardin, qui causa tant d’inquiétude à Voltaire. Voyez la lettre à D’Alembert du 8 février 1776, une autre lettre à d’Argental, du 6 mars 1776, et plus bas la lettre n° 52.