Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
131
ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


je vous en prie ; elle me console sur la fin d’une vie un peu orageuse.



66. A VOLTAIRE.


Ce 25 octobre 1776.


Vous savez, mon illustre maître, ce qui vient de nous arriver. Necker succède à M. Turgot : c’est l’abbé Dubois qui remplace Fénelon. Vous retrouvez les folies et la corruption des temps de votre jeunesse. M. de Vaines a quitté ; c’est une action noble, digne d’un ami de M. Turgot. Il n’a pas voulu servir sous les assassins de son ancien général [1].

J’ai reçu de vous une lettre chai mante. Je fais l’éloge de Linnæus. M. le comte [2] n’en sera pas content ; il n’a jamais pardonné à Linnæus de s’être moqué de ses phrases.

Neckre fait un peu oublier Shakspeare. Des gens qu’on veut écorcher tout entiers, sont indulgents pour qui se contente d'écorcher leurs oreilles avec de mauvaises tragédies. Le nouveau Law est grand partisan de Shakspeare, parce qu’il s’imagine être admiré en Angleterre, et que Garrick a joué pour lui.

Adieu ; espérez que dans peu nous verrons de beaux jours : il y a des choses qui ne sauraient durer.

  1. Condorcet, qui n’en dit rien ici, en fit autant : « Pour n’avoir aucune relation avec Necker, il donna sa démission d’inspecteur des monnaies. » (Biogr. unie.) Voyez, dans la correspondance générale, la lettre n° 7, à M. de Maurepas.
  2. De Buffon.