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CORRESPONDANCE

J’ai lu et relu le prix de la justice et de l'humanité [1]. Il doit exciter le zèle de tous les vrais philosophes. Il n’y a rien à espérer pour la France ; mais l’exemple de l’Europe entière, qui tend à se rapprocher de la raison sur ces objets, influera peut-être un peu sur nous.

Paris ne nous offre rien de bien intéressant ; nous passons notre vie entre des chansons et des loteries. On joue Mustapha et Zéangir [2]. Celte pièce m’a paru vide de passions et d’idées, mais bien écrite et remplie de choses communes très-bien tournées. Adieu, mon cher et illustre maître, pensez à moi quelquefois, et soyez sûr que vous n’avez ici personne qui vous aime et vous respecte plus que moi.



85. A CONDORCET.


12 janvier 1778.


Mon philosophe universel dont les lumières m’étonnent, et dont l’amitié m’est de jour en jour plus chère, je suis affligé et honteux d’avoir été d’un autre avis que vous sur l’adorable Fénelon [3] , et sur la dernière tentative d’un vieillard de quatre-vingt-quatre ans [4]. J’avais cru, sur la foi de quelques

  1. Tome L des œuvres de Voltaire.
  2. De Champfort.
  3. Voyez ci-dessus lettres 83 et 84.
  4. Sur la tragédie à Irène. La lettre où Condorcet exposait ces réflexions ne s’est malheureusement point retrouvée. Après avoir vu Condorcet contredire Voltaire sur Montesquieu et sur Fénelon, il eût été intéressant de lui entendre dire la vérité sur Vol-