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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/415

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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


demandés, tels que j’ai pu les tirer des bureaux de M. de Lalande. Comme je suis très-peu exercé en ce genre, j’ai cru faire pour le mieux. Quant à ce que vous me demandez sur les tables de logarithmes, nous en causerons.

Nous avons ici une actrice nouvelle qui tourne les têtes [1] ; elle joue les rôles de mademoiselle Claiion ; c’est une si belle tête, une si belle taille, de si grands bras ; enfin c’est une merveille. Je ne l’ai point encore vue ; elle n’a encore joué que du Pompignan ; j’attends qu’on vienne à du Voltaire.

Je ne sais si je vous ai parlé de ces cuistres de l’Université, avec leurs discours contre la philosophie [2]. Ce qui en console, c’est une belle lettre du roi de Prusse à Voltaire, pleine de galanterie pour lui et de mépris pour les antiphilosophes. Le roi avait envoyé à Voltaire une jatte de porcelaine où il y avait des lyres, des Amphions portés sur des dauphins, des couronnes de laurier. Voltaire a répondu que les gens de Sa Majesté mettaient ses armes partout. Le roi a répliqué [3] que tout cela était allégorique ; que la mer où nageait Amphion était l’image du temps ; que les dauphins étaient l’image des princes qui soutenaient les grands pendant les tempêtes, et que c’était tant pis pour les dauphins quand ils n’aimaient pas les grands hommes.

Adieu, adieu ; mais revenez donc.

  1. Mademoiselle Sainval cadette.
  2. C’est l’affaire de Cogé, pédant du collège Mazarin. Voyez la lettre précédente.
  3. Cette lettre de Frédéric est datée du, 4 décembre 1772 ; elle porte, dans l’édition Beuchot, le n° 6449, t. LXVIII.