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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/42

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XXVIII
BIOGRAPHIE

got il écrivait à Voltaire : « Nous avons fait un bien beau rêve, mais il a été trop court. Je vais me remettre à la géométrie. C’est bien froid de ne plus travailler que pour la gloriole, quand on s’est flatté quelque temps de travailler pour le bien public. »

J’oserai ne pas admettre cette distinction. La gloriole dont parle Condorcet, va tout aussi directement au bénéfice de l’humanité que les recherches philosophiques, économiques auxquelles notre confrère avait pris tant de goût dans la société de Turgot. Le bien qu’on fait par les sciences a même des racines plus profondes, plus vigoureuses, plus étendues que celui qui nous vient de toute autre source. Il n’est pas sujet à ces fluctuations, à ces caprices soudains, à ces mouvements rétrogrades qui portent si souvent la perturbation dans la société. C’est devant le flambeau des sciences que se sont dissipés cent préjugés anciens et abrutissants, maladies invétérées du monde moral et intellectuel. Si, entraîné jusqu’au paradoxe par une très-légitime douleur, Condorcet a voulu insinuer que les découvertes scientifiques n’ont jamais une influence directe et immédiate sur les