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CORRESPONDANCE


que dans cet étal elle pense à moi, et de ce que non contente de me pardonner mes sorties contre Helvétius, elle me rend le bien pour le mal en m’envoyant le Mémoire de Beaumarchais, et en vous chargeant de me faire part de la nouvelle aventure de M. Goëzman [1]. Ce Beaumarchais est bien méchant d’aller ainsi envenimer le respect d’un de Messieurs pour la décence publique ! Je trouve cependant comme vous que la défense qu’on lui fait de publier son Mémoire contre Marin [2] est très-tyrannique, et d’autant plus tyrannique que son Supplément m'a paru plus amusant.

Je ne sais point l’histoire des professeurs d’Auxerre. Je serais fâché que l’évêque eût eu part dans une pareille affaire. Cela est pis que d’admirer Frédéric [3] et de baiser les mains de Catherine seconde [4].

Je ne connais point M. du Muy par moi-même ; mais des gens que j’estime, et qui ne sont point dévots, l’aiment et l’estiment. Il est sûr que s’il est persécuteur et délateur, il mérite toute votre colère, quelque terrible qu’elle soit. On dit que l’affaire du P. Boscowich [5] l’a aussi allumée ; je n’ai jamais su de

  1. Voyez ci-dessus p. 223.
  2. Addition au supplément du mémoire à consulter. (Œuvres de Beaumarchais, t. III.)
  3. Comme M. de Grillon. Voy. p. 223.
  4. Comme Diderot, page 223.
  5. Le P. Boscowich, jésuite, professeur à l’Université de Pavie, fut appelé en France en 1773, pour occuper la place de directeur de l’optique de la marine, avec 8,000 liv. de pension. Forcé bientôt de renoncer à ce poste par quelques désagréments, dit la Biogr. unie, il se retira à Milan, où il mourut en 1787.