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CORRESPONDANCE


de mal, et qu'a force de faire des sottises il ne vienne à bout de persuader que M. de Choiseul est un homme nécessaire. Prenez garde aux dévots ! Imbéciles ou fripons, il n’y a pas de milieu dans ce siècle pour ceux qui n’ont pas toujours été confinés dans une capucinière ; ils trament des méchancetés ou servent d’instruments aux méchants.

Adieu ; il me semble qu’il y a déjà bien longtemps que je vous ai quitté ; je ne puis plus me consoler en attendant de longues lettres. Je commence à sentir que j’ai perdu à votre ministère, et j’ai besoin de réflexion pour me consoler. Il faut que je pense à nos colonies, à leurs malheureux habitants, opprimés par des gens déshonorés en Europe, et qu’on envoie chercher la fortune aux Indes ; à ces nègres que Louis XIII a abandonnés à la barbarie de leurs maîtres, dans la sainte espérance qu’on pourrait les rendre chrétiens à force de coups de fouet. Je vois d’avance le bien que vous ferez à ces infortunés. J’en jouis, et il me semble que rien ne ressemble plus à un ange envoyé du ciel pour réparer les maux de la terre, qu’un vaisseau arrivant aux colonies, chargé de vos ordres consolateurs.



51. A TURGOT.


Ce dimanche, juillet 1774.


Celle-ci est, Monsieur, pour le ministre de la marine [1].

  1. Bernardin de Saint-Pierre, revenu depuis trois ans d’un voyage à l’Ile de France, sollicitait d’être envoyé par terre aux