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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/455

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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


moment. Toutes les provinces attendent de vous le même bien que vous avez fait au Limousin. Leurs transports éclateront de manière à vous faire plaisir ; et peut-être l’effet que ce bien produira ne sera-t-il pas inutile à la réussite du reste. Ce mot de bien revient sans cesse, mais c’est votre faute.

Vous souvenez-vous de frère Damilaville [1], qui, après avoir été fort ennuyeux toute sa vie, a fait depuis sa mort des ouvrages remplis d’esprit [2] ? La femme de son frère m’a conjuré, par M. de Voltaire, par M. D’Alembert et par les mânes de frère Damilaville, de vous demander pour son mari, ou la continuation de son état, ou une direction des vingtièmes. Frère Damilaville vous a peut-être ennuyé ; mais il est mort, il ne reste de lui que ses ouvrages posthumes et son frère. Si vous pouvez rendre service à ce frère, vous obligerez beaucoup M. de Voltaire [3], et moi par contre-coup.

Vous avez dû recevoir ma généalogie par la poste. Je vous prie de me la renvoyer ici. J’ai renoncé à mon projet d’être frère de l’ordre de Saint-Lazare.

Ne croyez-vous pas que, de toutes les dépenses inutiles, la plus inutile comme la plus ridicule serait celle du sacre [4] ? Trajan n’a point été sacré.

  1. Mort en 1768.
  2. Voltaire mit sous le nom de Damilaville les Éclaircissements historiques, réponse à un libelle de l’abbé Nonotte.
  3. Voltaire, sollicité par cette belle-sœur de Damilaville, avait recommandé l’affaire à Condorcet et à D’Alembert. Voyez sa lettre à D’Alembert du 27 auguste 1774.
  4. Louis XVI fut sacré à Reims le 11 juin 1775.