abjecte et cruelle, le plus grand mal est de voir les
principes de la morale publique être la risée de tous
les gens éclairés. Or, c’est le point où nous en sommes.
Le colosse est à demi détruit ; mais il faut achever
de le briser, parce qu’il est important de mettre
quelque chose à sa place. D’ailleurs, quoiqu’il ait
perdu de sa funeste influence, il fait encore beaucoup
de maux ; la plupart de ceux qui nous affligent
sont l’ouvrage du monstre et ne peuvent finir qu’avec
lui.
Le nombre des imbéciles diminue dans le clergé, et celui des dévots politiques, des intrigants, augmente tous les jours. Un de ceux-là que nous rencontrons quelquefois, et qui, pour devenir évêque, joue, selon les maisons, tantôt le rôle de dévot, tantôt celui d’homme raisonnable, disait l’autre jour qu’il fallait brûler l’auteur de la lettre à l’abbé Sabatier [1] . « Monsieur l’abbé, lui répondit-on, votre « propos prouve que l’auteur a parfaitement raison. » Ne demandez jamais d’évêché pour l’abbé de Puiségur.
Pourquoi, au lieu de s’en remettre au temps pour détruire les préventions du roi, ne ferait-on pas faire pour lui un ouvrage clair, modéré, bien muni d’autorités, qui contiendrait le récit de tous les assassinats, massacres, séditions, guerres, supplices, empoisonnements, noirceurs et scandales, qui forment depuis 1774 ans l’histoire du clergé catholique ?
- ↑ La Lettre d’un théologien, de Condorcet.