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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/465

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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


la faute de l’éloge qui n’était qu’agréablement tourné, mais qui manquait de physionomie. Marmontel a fait, en lui répondant, un portrait intéressant de l’aménité, de la douceur de mœurs, de la modestie de Colardeau [1], et puis : voilà, Monsieur, un caractère bien intéressant dans un homme de lettres, et un grand silence. Aussitôt le public en a fait l’application au récipiendaire et a battu des mains un quart d’heure. Marmontel a repris par l’éloge du courage de La Harpe, en observant que ce courage avait été pris pour de l’orgueil, et sur-le-champ nouvel applaudissement. Ensuite il a parlé des critiques de M. de La Harpe qu’on avait accusé de manquer de modération, et on a encore battu des mains. Le récipiendaire et le directeur étaient dans un égal embarras. Enfin Marmontel a fini par dire que la philosophie n’avait que deux ennemis, le fanatisme et la tyrannie, et de là est venu l’éloge du roi et de la liberté de la presse dont nous avons le bonheur de jouir. La Harpe a lu alors un chant de sa traduction de Lucain. il n’y avait plus là de compliments pour les rois. M. D’Alembert termina la séance par l’éloge de Sacy, traducteur des lettres de Pline, et auteur d’un traité de l’amitié, inséré dans les œuvres de madame de Lambert ; elle était son amie, et elle lui a survécu de quelques années. Cette circonstance fournit à M. D’Alembert un morceau sur l’amitié, qui a fait un plaisir

  1. Nomme à la place du duc de Saint-Aignan, et mort avant sa réception. La Harpe le remplaçait, et Marmontel, répondant à La Harpe, lit l’éloge de ses deux prédécesseurs.