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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/473

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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


en entier, mais je l’ai arrangé dans ma tète il y a déjà quelque temps ; et il est sûr qu’on me l’aurait moins pardonné de cette façon que mon silence.

Je reviendrai la semaine prochaine ; je verrai M. Dupuy [1]. Mais, fît-il l’Éloge, je crois devoir m’en dispenser. L’éloge de M. de Trudaine serait un autre moyen de déplaire à M. de Maurepas. Ainsi j’aurai l’avantage de gagner Pâques sans lui déplaire, et peut-être d’ici à ce temps aura-t-il autre chose à faire [2]. Je ne sais point jusqu’où je puis craindre une exclusion pour l’Académie française ; mais il est certain que l’éloge de M. de la Vrillière et celui de M. de Trudaine, tels que je les aurais faits, auraient donné des armes contre moi. D’ailleurs, je regarde M. de la Vrillière non loué comme une bataille gagnée, et les parents des espèces que nous avons à l’Académie n’auront plus rien à me dire. Adieu ; je vous embrasse. J’ai peur que ce Necker ne nous fasse mourir de faim eu voulant faire avancer ses plans sans convulsion. C’est une triste chose que vingt millions d’hommes ballottés entre des fous,

  1. Secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions, comme l’était Condorcet de l’Académie des sciences.
  2. Condorcet n’évita point les inconvénients dont il parle ici. « Chargé en 1777 de prononcer l’éloge du duc de la Vrillière, académicien honoraire, et Maurepas lui reprochant qu’il tardait trop, Condorcet lui répondit qu’il ne louerait jamais un pareil ministre, odieux dispensateur des lettres de cachet sous le règne de Louis XV. Cette liberté piqua Maurepas, qui l’empêcha, tant qu’il vécut, d’être de l’Académie française. » (Biogr. univ., art. CONDORCET.) Condorcet attendit son admission jusqu’en 1782.