- Ce vendredi, 27 juillet 1770.
Venez à mon secours, Monsieur, j’implore tout à
la fois votre amitié et votre vertu. Notre ami, M. D’Alembert est dans un étal le plus alarmant ; il dépérit
d’une manière effrayante ; il ne dort plus, et ne
mange que par raison ; mais ce qui est pis que tout
cela encore, c’est qu’il est tombé dans la plus profonde
mélancolie ; son âme ne se nourrit que de tristesse
et de douleur ; il n’a plus d’activité ni de volonté
pour rien ; en un mot, il périt si on ne le lire
par un effort de la vie qu’il mène. Ce pays-ci ne lui
présente plus aucune dissipation ; mon amitié, celle
de ses autres amis ne suffisent pas pour faire la diversion qui lui est nécessaire. Enfin, nous nous réunissons tous pour le conjurer de changer de lieu et
de faire le voyage d’Italie : il ne s’y refuse pas tout à
fait ; mais jamais il ne se déterminera à faire ce voyage
seul, et moi-même je ne le voudrais pas ; il a besoin
des secours et des soins de l’amitié, et il faut qu’il
trouve tout cela dans un ami tel que vous, Monsieur,