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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/487

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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


des hommes, qui ne cherche et n’aime que la vérité. Il n’y a point d’ouvrage où j’aie vu, sur les matières que vous traitez, des principes plus vrais, mieux analyses, plus approfondis. Mais vous avez, à ce que je crois, trop bonne opinion de la nature humaine, non pas de cette espèce malheureuse qui souffre et se tait, mais de celle qui jouit et qui opprime. Je crois les hommes naturellement bons ; mais je suis toujours tenté de faire une exception en faveur de ceux qui veulent être les maîtres des autres. Vous tâchez, sans les révolter, de leur faire entendre que leur véritable intérêt est de faire le bonheur du peuple : vous avez raison de prendre cette manière de faire aux hommes, le peu de bien qu’ils peuvent espérer dans l’état où ils sont. Mais ne craignez-vous point d’avilir un peu le peuple aux yeux de ses maîtres, de le leur faire voir comme des bêtes de somme qui ne valent que ce qu’elles rapportent ? Adieu, Monsieur, excusez mes observations, recevez mes remercîments ; comptez-moi au nombre de vos admirateurs et de vos disciples, et que ne puis-je dire au nombre de vos amis !


3. CONDORCET AU COMTE PIERRE VERRI.


1773.


Je relis avec bien du plaisir. Monsieur, vos Méditations sur l’économie politique, telles qu’elles paraîtront pour la sixième édition. Permettez-moi de vous faire mes observations à mesure qu’elles se présenteront à moi.