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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.

Eh bien, M. Turgot veut-il que j’aille dîner chez lui demain vendredi ? veut-il de M. de Guibert ? Je lui dirai aujourd’hui oui ou non.

Bon Condorcet, trouvez le moment de demander à M. Turgot si l’affaire de Châlons se fera, et si M. de Beaurnont voudra bien lui faire savoir. Et puis je n’abandonne pas mon malheureux de Bicêtre ; encore un mot à M. Dupont[1], je vous prie.

Si vous pouviez aussi parler de ce malheureux chevalier de Saint-Pierre[2]. Je le recommande à votre bienfaisance.


3. CONDORCET à M. TARGET,
avocat au parlement.
Ce mercredi, avril 1775.

J’ai appris, Monsieur, qu’on avait remis en vos mains la cause de la raison et de l’humanité[3].

Vous savez comment l’atrocité hypocrite de quelques membres du parlement de Paris fit assassiner juridiquement le chevalier de La Barre, et comment ils livrèrent un innocent à la torture et à un supplice cruel, pour avoir l’honneur d’être regardés dans leur quartier comme de bonnes âmes. Il serait question non pas de réparer cette injustice, mais d’effacer le déshonneur qu’elle fait dans toute l’Europe à la nation française, mais d’empêcher que les mêmes

  1. Dupont de Nemours, secrétaire de Turgot.
  2. Voyez, p. 248, la lettre n° 35 de Condorcet à Turgot, sur la reconnaissance dont furent payés Condorcet et mademoiselle de l’Espinasse ; voyez la note p. 277.
  3. Nous rappellerons que l’idée de faire réviser le procès de La Barre appartient à Condorcet, et que ce fut lui qui poussa Voltaire. Voyez la note p. 45.