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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/509

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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


fiance dont Votre Majesté m'a honoré. Je ne puis encore lui proposer qu’un seul sujet qui pourrait remplacer M. Thiébault dans l’Académie, et donner des leçons de grammaire. C’est M. Dupuis [1] ; il est professeur depuis longtemps dans l’université de Paris. Sa conduite et son amour pour le travail lui ont mérité l’estime générale ; mais son goût dominant pour l’érudition l’a conduit à entreprendre un grand ouvrage sur les théogonies anciennes, sur l’origine des constellations, et il ne peut continuer ce travail et le publier sans offenser des gens qui ont encore ici quelque crédit. Ce n’est pas qu’il veuille attaquer directement les choses établies ; mais les conséquences qui résultent de ces discussions ne peuvent pas toujours se concilier avec les idées communes. Il n’a pu même, en voilant ces conséquences au hasard d’affaiblir le mérite de son travail, éviter de déplaire à une partie des membres de notre Académie de belles-lettres, qui ont voulu l’engager à faite sa profession de foi sur l’antiquité du monde. Dans cette position cruelle pour un homme sage, mais honnête et ferme, il accepterait avec reconnaissance une place dans votre académie et une chaire dans votre école militaire. Un seul obstacle l’arrête : il serait dans dix-huit mois ce qu’on appelle émérite, et aurait une re-

  1. L’auteur de l’Origine des cultes (1794).

    « Condorcet le proposa au grand Frédéric pour la chaire de littérature au collège de Berlin, en remplacement de M. Thiébault, qui avait donné sa démission. » (Biogr, univ., art. DUPUIS.) La mort de Frédéric (17 août 1786) rompit l’engagement de Dupuis et supprima son voyage.