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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


plus prudent de deviner que d’attendre les intentions de Votre Majesté. M. de Nicolaï, premier président de notre chambre des comptes, qui avait positivement promis de garder les lettres, qui ne les avait reçues qu’à cette condition, ne s’est pas cru obligé de remplir ses engagements.

Il doit m’être permis d’en être affligé. Votre Majesté est la seule personne qui puisse ne pas sentir tout le prix de ses lettres ; et l’intérêt que je prends à la


    de m’écrire le 1er de ce mois, et la copie de celle du roi de Prusse que vous y avez jointe (1). C’est avec regret, Monsieur, que je me trouve dans l’impossibilité de satisfaire à la réclamation que vous formez. Instruit, par des personnes dignes de foi, que le roi de Prusse désirait que la partie de sa correspondance, recueillie à la mort de M. Watelet, ne fût point rendue publique ; instruit, d’ailleurs, que sa publicité ne pouvait rien ajouter à la gloire de ce monarque, vu la nature des matières qui y étaient traitées, il a paru que le moyen le plus efficace pour assurer au présent et à l’avenir l’effet de la volonté de Sa Majesté prussienne était de supprimer à jamais cette correspondance. C’est ce que j’ai fait en présence de M. le premier président de la chambre des comptes (2). Je n’ai pas négligé, Monsieur, d’en faire prévenir le roi de Prusse, et je me flatte qu’il applaudira à cette prévoyance.

    « Je ne doute pas. Monsieur, que cette correspondance n’eût été très-sûrement dans vos mains ; mais les hommes ne sont pas immortels, et leurs vues ne sont pas toujours remplies par ceuxqui leur succèdent.

    « Je suis, etc. »

    A Versailles,le 3 mai 1789.

    (1) C’est la lettre précédente (no 25) par laquelle Frédéric autorisait Condorcet à se faire remettre et à conserver en dépôt sa correspondance avec D’Alembert.

    (2) M. de Nicolai.