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SUR LE XXIXe LIVRE DE L'ESPRIT DES LOIS.


surpris que la barbarie de la torture, le refus injuste et tyrannique d’admettre à la preuve de faits justificatifs, et la loi équivoque et peut-être trop rigoureuse contre les faux témoins, soient présentés par Montesquieu comme formant un système de législation dont il faille examiner l’ensemble. Si c’est un persiflage, il n’est pas assez marqué.

Chapitre XII. Que les lois qui paraissent les mêmes, sont réellement quelquefois différentes.

Ce chapitre ne contient rien que de juste. Mais le titre semble annoncer la prétention de dire une chose extraordinaire, que le chapitre ne justifie pas. Cette proposition : Le receleur doit être puni de la même peine que le voleur, n’est pas une loi, mais une maxime générale, vraie ou fausse. Si elle est vraie, la loi de France et la loi romaine sont également bonnes ou mauvaises, soit lorsqu’elles statuent contre le voleur, soit lorsqu’elles statuent contre le receleur. Si elle est fausse, toutes deux sont nécessairement mauvaises par rapport à l’un des deux.

Chapitre XIII. Qu’il ne faut point séparer les lois de l’objet pour lequel elles sont faites. — Des lois romaines sur le vol.

La distinction entre le vol manifeste et le vol non manifeste, n’a pas besoin d’une explication tirée des lois de Lacédémone. La différence de la peine peut n’avoir eu d’autre motif que la certitude de l’un de ces vols, et la difficulté de prouver l’autre. Et comme le second n’était puni que par une amende, cette