Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/579

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
377
SUR LE XXIXe LIVRE DE L'ESPRIT DES LOIS.


l’ouvrage. C’est un de ceux qui ont valu à Montesquieu l’indulgence de tous les gens à préjugés, de tous ceux qui haïssent les lumières, de tous les protecteurs des abus, etc. Il faut l’examiner en détail

1° Les idées d’uniformité, de régularité, plaisent à tous les esprits, et surtout aux esprits justes.

2° Le grand esprit de Charlemagne peut-il être cité au dix-huitième siècle, dans la discussion d’une question de philosophie ? Ce n’est sans doute qu’une plaisanterie, contre ceux qui avaient les idées que Montesquieu voulait combattre.

3° Nous n’entendons pas ce que signifient les mêmes poids dans la police, les mêmes mesures dans le commerce.

Le commerce emploie des poids et des mesures ; la police se mêle des uns et des autres, et ne devrait s’en mêler que pour savoir s’ils ont réellement la valeur qui leur a été supposée, et pour en conserver d’exacts, avec lesquels on puisse comparer ceux qui sont employés.

4° L’uniformité de poids et de mesures ne peut déplaire qu’aux gens de loi qui craignent de voir diminuer le nombre des procès, et aux négociants qui craignent tout ce qui rend les opérations du commerce faciles et simples. Ce qu’on a proposé à cet égard, avec l’approbation universelle de tous les hommes éclairés, c’est de déterminer une mesure naturelle, fixe et invariable, qu’on pût toujours retrouver ; de l’employer à former des mesures de longueur, de superficie, de contenance et de poids ; de manière que les divisions successives en mesure et