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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


tantinople, quelques hommes qui eurent du moins le mérite de connaître les découvertes des anciens, de les conserver, et quelquefois de les employer avec succès. Proclus brûla la flotte de Vitallien par le moyen qu'Archimède avait employé contre les galères de Marcellus. L’algèbre, l’astronomie, l’optique, étudiées par les Arabes, firent entre leurs mains quelques faibles progrès, et tels qu’on les peut attendre du travail et du temps, quand le génie n’en accélère point la marche, que retardait encore l’influence de la superstition sur un peuple dont les chefs obéissaient ou faisaient semblant d’obéir à ses pontifes.

Nous devons néanmoins aux disciples de Mahomet l’arithmétique dont nous faisons usage, et qu’eux-mêmes avaient apprise des Indiens. C’est la seule découverte utile qui nous vienne des Orientaux, et qui ait échappé au génie des Grecs.

Ce dépôt des anciennes connaissances, conservé dans des traductions ou des compilations arabes et dans les livres grecs que les gens de lettres chassés de Constantinople firent connaître en Italie, y ranima le goût des sciences. L’algèbre s’enrichit bientôt de la solution des équations du 3° et du 4° degré, et, en quelques années, deux ou trois Européens firent plus, pour les mathématiques, que dix siècles de travaux des Arabes ou des Grecs du Bas-Empire. Dans l'Italie, "alors divisée en un grand nombre de petits États, comme dans l’ancienne Grèce, des princes faibles, des républiques mal affermies, sentaient davantage le prix d’un citoyen éclairé ou célèbre ; rien