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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


quiète curiosité, ni enfin l’art d’assujettir le hasard même aux combinaisons du calcul ?

Il ne serait pas moins impossible de développer ici les simples éléments de toutes les parties de cette science. L’art de composer les livres élémentaires s’est perfectionné sans doute ; on voit de nos jours des hommes qui unissent le talent des sciences à un esprit philosophique, ne pas croire avilir les palmes que les compagnies savantes leur ont décernées, en consacrant une partie de leur vie à donner les éléments des mêmes sciences dont ils ont hâté les progrès, joindre ainsi la couronne civique à leurs lauriers, et à l’honneur d’avoir fait des découvertes, le mérite d’aplanir aux autres le chemin qui y conduit. Mais il reste encore des difficultés que toute la perfection des ouvrages élémentaires ne peut surmonter.

Les sciences mathématiques ont une marche qui leur est propre. Quelque objet qu’elles considèrent, elles le dépouillent de toutes ses qualités sensibles, de toutes ses propriétés individuelles, et bientôt il n’est plus qu’un rapport abstrait de nombre ou de grandeur. On désigne ce rapport par une lettre ou par une ligne ; l’objet lui-même est alors oublié ; il cesse d’exister pour le mathématicien. Ces signes, arbitraires en apparence, sont l’unique objet de ses méditations ; c’est sur eux seuls qu’il opère, et ce n’est qu’après être parvenu au dernier résultat qu’il revient sur les premières opérations, et qu’il applique ce résultat à l’objet réel dont il avait cessé de s’occuper. Les vérités certaines trouvées par cette méthode