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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/681

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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


conviennent qu’aux homnmes. Ce serait alors lui inspirer un préjugé dangereux, celui de cette prétendue inégalité entre les deux sexes, qui a rendu les lois et les principes de l’opinion également injustes envers les femmes chez presque toutes les nations de la terre, préjugé que, malgré la galanterie dont les hommes se vantent chez quelques-unes de ces nations, les lumières n’ont pu affaiblir encore.

Une légère instruction, telle qu’on pourra la puiser dans nos cours, suffira pour retarder une époque si dangereuse dans l’éducation, jusqu’au moment où l’enfant plus formé, en s’apercevant qu’il en sait plus que ses parents, n’éprouvera d’autre sentiment que celui de la reconnaissance. Pourquoi d’ailleurs ne chercherait-on pas à différer autant qu’il est possible l’instant où il faut livrer un enfant à des mains étrangères ? Quel bonheur pour lui, si, dans les premiers temps où il doit être soumis au devoir si pénible à cet âge de fixer son attention, ce devoir pouvait être allégé par ces soins que la tendresse maternelle sait employer avec tant de douceur ! Les premiers principes des connaissances perdraient toute leur sécheresse et toute leur austérité, s’il les recevait d’une voix si chère. Or les premières notions mathématiques doivent faire partie de l’éducation de l’enfance. Les chiffres, les lignes, parlent plus qu’on ne croit à leur imagination naissante, et c’est un moyen sûr de l’exercer sans l’égarer. D’ailleurs, en ce genre, la manière d’enseigner peut se calculer comme la science même ; on peut proportionner la marche de l’éducation à toutes les forces