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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


nuer le nombre des gens à prétention, c’est de chercher à diminuer celui des dupes qu’ils font ou qu’ils croient faire. Les lumières superficielles valent mieux que l’ignorance, pourvu que ces lumières superficielles soient très-répandues ; c’est seulement lorsqu’elles sont très-rares qu’elles peuvent inspirer l’orgueil de s’ériger en juge, ou la vanité de se parer du peu qu’on sait. Toute connaissance réelle, quelque légère qu’elle soit, est utile lorsqu’elle est commune, et il n’y en a point qui ne puisse devenir nuisible, tant qu’un petit nombre d’hommes la possédera exclusivement.

Si nous sommes assez heureux pour remplir notre but, si nous ne nous sommes pas trompés en regardant comme praticable le plan d’instruction que nous avons eu l’honneur de vous exposer, nous en serons récompensés par le plaisir d’avoir contribué à vous faire aimer une science à l’étude de laquelle nous avons consacré notre vie.

M. Lacroix s’est chargé d’un travail que mes occupations ne me permettaient point d’entreprendre, et dans lequel il apportera tout ce qui m’aurait manqué, un talent distingué pour les sciences, des connaissances qui embrassent toutes les parties des mathématiques, et l’habitude d’enseigner. Si j’ai osé lui servir d’interprète et tracer le plan de ce qu’il doit exécuter, c’est qu’il a bien voulu me supposer cette expérience que l’âge peut donner. Sa prévention en ma faveur et sa modestie lui ont fait une illusion dont je crains bien que vous n’ayez eu trop à vous plaindre.

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