Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/686

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
484
DISCOURS SUR L’ASTRONOMIE


observer avec plus de sûreté et d’exactitude les phénomènes qu’il présente dans ses diverses opérations. Sa marche, si souvent cachée et si irrégulière dans ses autres travaux, est ici plus simple, plus à découvert, et assujettie à un ordre plus méthodique. Ainsi, après avoir observé dans les ouvrages des mathématiciens les effets du génie ou du talent, de l’imagination ou de l’analyse, de la méditation ou de l’étude, on sera bien plus sûr de les reconnaître dans les autres genres, même dans ceux qui paraissent les plus éloignés de ces sciences uniquement consacrées à la sévère et froide vérité.

Nous avons choisi cette année, pour sujet de l’enseignement, l’astronomie physique et le calcul des probabilités. C’est dans l’astronomie que l’esprit de l’homme se montre avec le plus de grandeur. Les philosophes anciens l’ont dit dans un temps où l’astronomie, comme les autres sciences, était encore dans sa première enfance, et cette observation n’a pas cessé d’être vraie depuis les progrès successifs que toutes ont faits avec plus ou moins de rapidité.

En effet, si ces astres placés à des distances qui n’ont aucune proportion avec celles que nos sens peuvent embrasser, transportés avec des vitesses dont aucun des mouvements qui s’exercent autour de nous ne nous donne l’idée, embrassant, dans les révolutions de leurs orbites ou de leurs axes, des espaces de temps auprès desquels la durée de la vie humaine semble s’évanouir ; si leur multitude même et le spectacle brillant qu’ils nous offrent ; si tout, dans ce vaste ensemble, élève ou effraye l'imagina-