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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/711

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DISCOURS A L’ASSEMBLÉE NATIONALE.


unité de longueur naturelle et invariable, forma le premier le plan d’y rapporter toutes les mesures pour les rendre par là uniformes et inaltérables. L’Académie s’est toujours plus honorée dans ses annales d’un préjugé détruit, d’un établissement public perfectionné, d’un procédé économique ou salutaire introduit dans les arts, que d’une découverte difficile ou brillante ; et son zèle, encouragé par votre confiance, va doubler d’activité et de force. Et comment pourrions-nous oublier jamais que les premiers honneurs publics, décernés par vous, l’ont été à la mémoire d’un de nos confrères ? Ne nous est-il pas permis de croire que les sciences ont eu aussi quelque part à ces marques glorieuses de votre estime pour un sage qui, célèbre dans les deux mondes par de grandes découvertes, n’a jamais chéri dans l’éclat de sa renommée que le moyen qu’elle lui donnait d’appeler ses concitoyens à l’indépendance d’une voix plus imposante, et de rallier en Europe, à une si noble cause, tout ce que son génie lui avait mérité de disciples et d’admirateurs ?

Chacun de nous, comme homme, comme citoyen, vous doit une éternelle reconnaissance pour le bienfait d’une constitution égale et libre, bienfait dont aucune grande nation de l’Europe n’avait encore joui ; et pour celui de cette déclaration des droits, qui, enchaînant les législateurs eux-mêmes par les principes de la justice universelle, rend l’homme indépendant de l’homme, et ne soumet sa volonté qu’à l’empire de sa raison.

Mais des citoyens voués par état à la recherche de