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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/795

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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


malgré lui et sans lui accorder sa confiance. Il était donc évident qu’on ne perdait pas à la cour l’espérance de trahir. Je crus alors, et je ne crus pas seul, qu’il fallait profiler de ce ministère pour faire passer quelques lois utiles, et propres à diminuer du moins les moyens de nuire que la constitution avait donnés au roi. On le pouvait en lui ôtant toute espèce d’influence sur le trésor public et sur la régie des postes ; on le pouvait en diminuant la liste civile que l’Assemblée constituante avait provisoirement établie, et que l’Assemblée actuelle avait, d’après la constitution actuelle, bien entendu, l’obligation et le droit de fixer. Il fut impossible d’obtenir une décision de l’Assemblée sur le premier objet, et sur le second, on se contenta d’un renvoi à la commission extraordinaire : de manière que la révolution du 10 août arriva sans que même cette question eût été portée à l’Assemblée.

Un ministre de la guerre vraiment patriote, instruit du mauvais état de nos forces, de l’esprit d’intrigue répandu dans nos armées ; du projet formé de les donner, sous le nom du roi, aux chefs de la coalition constituante ; des soins qu’on prenait depuis Strasbourg jusqu’à Lille, pour lier à la même faction les divers corps administratifs ; des efforts que l’on faisait à Paris pour réunir la bourgeoisie riche et une partie de la garde nationale, proposa de former en avant de Paris un camp de vingt mille gardes nationaux, destinés à la défense de l’intérieur si les ennemis y pénétraient ; à recevoir, pour les y former aux manœuvres militaires, les bataillons