Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/826

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TESTAMENT [1].

(Mars 1794.)
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Si ma fille est destinée à tout perdre, je prie sa seconde mère [2] d’écouter ces derniers désirs d’un père innocent et malheureux. Je voudrais que ma fille apprît, outre les ouvrages de femme, à dessiner, à peindre, à graver assez bien pour gagner sa vie sans trop de peine et de dégoût. Je voudrais qu’elle apprît à lire et à parler l’anglais. C’était le vœu de sa mère, et, en cas de nécessité, elle trouverait de l’appui en Angleterre chez mylord Stanhope ou mylord Dear, et en Amérique, chez Bâche, petit-fils de Franklin, ou chez Jefferson.

Je désire que l’on consulte, sur ce qui l’intéresse, les amis communs de ses parents, qui ont pris part à nos malheurs ; ils indiqueront les ressources qu’elle peut attendre de sa famille maternelle. Elle en peut trouver dans mes ouvrages, quand le moment de la justice sera venu. Les conseils que j’ai écrits pour elle, des lettres de sa mère sur la sympathie [3], serviront à son éducation morale. D’autres fragments de sa mère donneront sur le même objet des vues très-utiles.

Je recommande de lui parler souvent de nous ;

  1. Écrit sur la feuille de garde de l'histoire d'Espagne.
  2. Madame Vernet.
  3. Imprimées à la suite de sa traduction d’Adam Smith : Théorie des sentiments moraux.