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LXIX
DE CONDORCET.


la source de gênes, de vexations intolérables et de pertes réelles.

Turgot et Condorcet s’unirent plus étroitement encore, si j’ose dire, sur la question spéciale du commerce des grains. Ils soutinrent que l’entière liberté de ce commerce était également utile aux propriétaires, aux cultivateurs, aux consommateurs, aux salariés ; que d’aucune autre manière on ne pouvait réparer l’effet des disettes locales, faire baisser les prix moyens et diminuer l’échelle des variations, objet plus important encore, car les prix moyens servent à régler les salaires des ouvriers. Si ces principes rigoureux étaient une invitation formelle à ne jamais céder aux clameurs désordonnées, aux préjugés populaires, d’une autre part, les deux économistes proclamaient hautement que, dans les temps de disette, le gouvernement doit des secours aux pauvres. Ces secours, ils ne voulaient pas les accorder en aveugle : ils auraient été le prix d’un travail.

Turgot et son ami professaient la maxime qu’il existe pour tous les hommes, des droits naturels qu’aucune loi ne peut légitimement leur enlever. Parmi ces droits imprescriptibles,