96 RELIGION CATHOLIQUE.
Cependant, comme dans quelques actes revêtus de beaucoup de signatures on s’est permis, suivant l’usage de nos pères, de confondre l’autorité des prêtres avec la religion, peut-être n’est-il pas inutile de présenter aux citoyens quelques réflexions propres à rassurer les consciences timides, en montrant que la liberté de conscience la plus absolue doit être le vœu de tout homme qui croit à la religion qu’il professe, et que celui qui veut accorder à un culte quelconque la plus légère prérogative politique est irréligieux ou inconséquent.
Proposer aux représentants d’une nation d’adopter en son nom un culte unique, c’est déclarer qu’on regarde toutes les religions comme des inventions politiques indifférentes à la Divinité ; c’est annoncer que, par mépris pour les autres hommes, on veut les soumettre à un joug intérieur, dont soi-même on s’est affranchi. En effet, on ne peut soutenir qu’en France le pouvoir législatif ait le droit de choisir une religion nationale, sans accorder le même droit aux législateurs de l’Angleterre, de la Perse, du Thibet ou du Japon, puisque chaque peuple a une égale persuasion de sa croyance, et que les droits du pouvoir législatif sont partout les mêmes. Ainsi on accorde ce droit pour une religion fausse comme pour une religion vraie ; on le fonde donc sur une utilité politique indépendante de la fausseté ou de la vérité de la religion.
Prétendre que l’établissement de tel culte particulier est nécessaire à la morale, c’est une opinion fanatique que les hommes livrés aux plus abjectes