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SUR L’INSTITUTION
d’un
CONSEIL ÉLECTIF
23 JUILLET 1791.

Une nation de vingt-cinq millions d’hommes répandue sur une surface de vingt-sept mille lieues carrées, peut-elle former une république ?

Les philosophes qui ont réfléchi sur la nature humaine, approfondi les principes des sociétés, examiné quelle action le gouvernement doit exercer sur les choses et sur les hommes, sont étonnés que l’on puisse même faire cette question. Quoi ! disent-ils, il est impossible d’établir un bon gouvernement pour un grand peuple, sans le secours d’une institution dont l’absurdité frappe les esprits les moins éclairés d’une véritable superstition politique, dont chacun se moque pour soi, en la disant nécessaire pour la stupidité d’autrui ! La nature aurait-elle donc attaché à une chimère le bonheur de l’espèce humaine ? Quoi ! une constitution n’est pas vraiment libre et légitime, si elle n’est soumise, à certaines époques, à la révision d’une assemblée chargée par