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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/553

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une nouvelle constitution.

saires des despotes, et leurs agents aveugles ou corrompus. C’est d’eux que vient la doctrine, qu’il faut laisser encore deux ans la France sans constitution, parce qu’ils jugent ce terme plus que suffisant pour assurer la réussite de leurs projets destructeurs. Eux seuls peuvent croire le peuple français assez stupide pour consentir volontairement à rester deux années, ou dans l’anarchie, ou sous le joug de quelques meneurs insensés ou perfides.

Avoir indiqué les obstacles qui s’opposent à l’établissement d’une constitution, c’est presque avoir donné les moyens de les vaincre.

Que le peuple, sourd aux dénonciations, aux déclamations, aux révélations des intentions d’autrui, au panégyrique des siennes propres, n’écoute plus que des raisonnements ou des faits appuyés de preuves.

Qu’il se défie de ceux qui, pour faire triompher leur opinion, ne réfutent pas celles de leurs adversaires, mais accusent leur conduite ou leurs projets ; que les représentants du peuple, oubliant ces divisions nées de l’amour-propre et de l’intérêt de quelques hommes, s’occupent sans relâche de rétablir l’ordre dans les finances et dans les autres parties de l’administration.

Qu’ils s’empressent de publier ces lois nécessaires dans toute constitution fondée sur le droit naturel ; qu’ils se hâtent d’établir l’égalité dans les partages, de fixer pour les successions l’ordre le plus favorable à la division des fortunes, d’assurer un héritage aux enfants nés hors du mariage, sans porter