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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/89

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sur les finances.

cent de la plus grande partie des biens nationaux ; on exigeait un quart seulement pour le reste, et on laissait douze ans pour achever les payements ; les reventes étaient exemptées pendant trois ans de toute espèce de droits ; il était donc évident que beaucoup de capitalistes, de citoyens des départements, de fermiers de biens mis en vente, achèteraient à crédit ; qu’ainsi les rentrées seraient fort au-dessous du produit réel des aliénations. Le désir de se défaire des assignats pouvait exciter à acheter de plus fortes parties, à payer plus cher, mais non à payer la totalité ; car, après tout, si le crédit se rétablit, celui qui a employé ses assignats dans le commerce ou la banque, les retrouve augmentés de valeur ; si les assignats, au contraire, continuent de perdre, il lui est aisé de s’en procurer pour acquitter ses domaines, même à meilleur marché. Dans toutes les hypothèses, il y avait donc de l’avantage à profiter des facilités accordées par la loi, ne fût-ce que pour améliorer ses acquisitions par des reventes partielles ; et en général, on aime mieux, dans un moment d’inquiétude, être débiteur que créancier de la nation.

Ainsi, dans le fait, sur 1518 millions de biens vendus, il n’est rentré que 370 millions d’assignats[1].

Il est donc évident que l’on a commis une erreur,

  1. Il est bon d’avertir que la somme des assignats brûlés est plus forte ; mais tous ne provenaient pas du payement des acquisitions de biens nationaux.