Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
105
BOYLE.


sur le pic de Ténériffe, il fit chasser de chez lui ces fous qui prétendaient peser l’air.

Boyle était à la tête de ces philosophes. Né en 1626 d’une famille riche et illustrée, il refusa plus d’une fois la dignité de pair. Il avait de grandes idées sur l’art de rendre les hommes meilleurs et plus heureux.

La cour corrompue et voluptueuse de Charles II, la cour bigote de Jacques II, devaient regarder ses idées et surtout ses intentions comme des rêves ; le philosophe qui aurait voulu être utile, et que l’accueil honorable qu’il recevait ne pouvait flatter, n’allait que très-rarement chez les princes. L’orgueil avec lequel des ministres, savants dans le seul art de l’intrigue, se permettaient d’apprécier les connaissances humaines et de les déprimer, était ce que Boyle trouvait à la cour de plus ridicule.

Il ne voulut pas être ecclésiastique, malgré sa grande piété ; il trouvait que ce qui ôtait tout crédit aux prêtres sur ce qui n’est point peuple, c’est l’idée qu’ils sont payés pour dire ce qu’ils disent, et il pensa que les exhortations d’un laïque devaient avoir plus de poids.

Il trouva la machine pneumatique en même temps que Otto de Guericke, et il en fit un usage beaucoup plus heureux.

Presque tout ce que l’on sait sur les effets de l’air comprimé ou raréfié est dû à Boyle. Aussi le vide de la machine pneumatique a-t-il retenu le nom de vide de Boyle. On doit à Boyle d’avoir prouvé par l’expérience que tous les corps qui