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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/185

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ÉLOGE DE M. DE LA CONDAMINE.


paraissait aux plus grands philosophes une absurdité palpable. Dans le treizième siècle, ce fut une impiété ; cependant, Copernic, Kepler et Galilée prouvèrent ce que Pythagore avait deviné ; et tous les phénomènes semblaient indiquer que la terre était une sphère parfaite.

Huyghens avait prouvé que, même en supposant la terre sphérique, la force centrifuge, nécessairement plus grande à l’équateur, devait y diminuer l’effet de la pesanteur et retarder le mouvement du pendule ; mais ce retardement, observé d’abord par des astronomes français, était plus grand qu’il n’aurait dû l’être si la terre avait été sphérique. Newton en conclut qu’elle était donc aplatie par les pôles. En effet, la force centrifuge doit alors augmenter à l’équateur, et celle de la pesanteur doit y être moindre. Cette figure aplatie est d’ailleurs celle que les lois de l’équilibre auraient fait prendre à la terre, si elle avait été fluide, celle qu’elle doit avoir pour que la direction de la pesanteur soit perpendiculaire à sa surface, et que par conséquent les corps y soient en équilibre. Mais dans un temps où quelques esprits conservaient encore des doutes sur le système de la gravitation universelle, la comparaison de la grandeur angulaire d’arcs égaux du méridien ou du parallèle à l’équateur, mesurés près des pôles et sous la ligne, paraissait la seule preuve directe et certaine de l’aplatissement de la terre ; et cette vérité, une fois établie, devenait une preuve nouvelle du système de la gravitation. Ce système, fondé sur la géométrie la plus sublime, n’avait pu d’abord être entendu que d’un