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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/203

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ÉLOGE DE M. DE LA CONDAMINE.


1742 elle s’ouvrit de nouveau. Des tourbillons de fumée et de flammes s’élevaient du milieu de ces neiges éternelles qui couvrent la cime du volcan. Des ruisseaux de lave enflammée roulaient sur des masses de glaces, tandis que les torrents, formés par les neiges fondues, se précipitaient dans la campagne, et submergeaient tout ce que les laves avaient épargné.

Pour revenir en Europe, M. de la Condamine avait à choisir entre deux chemins : l’un sûr et bien connu, mais plus long ; l’autre plus court, mais dangereux, et que presque personne n’avait encore tenté : c’était celui de la rivière des Amazones. M. de la Condamine le préféra, suivi d’un seul domestique métis. Il se rendit à Borja, en descendant le Pongo ; c’est le nom d’un détroit où ce fleuve immense, resserré par une chaîne de montagnes, se précipite entre deux rochers coupés en pic. Il faut s’abandonner, sans gouvernail, à la rapidité du courant, sur un radeau flexible, formé par des claies de lianes, et qui a l’avantage de pouvoir être entraîné contre les rochers sans se briser. L’habitude n’a point encore familiarisé les Indiens avec les dangers de ce passage. Ceux qui accompagnaient M. de la Condamine prirent leur route par terre : il resta seul avec son domestique. Heureusement, c’est son expression, il passa, sur son radeau, la nuit qui précéda son passage. Il s’aperçut tout d’un coup que, tandis que la rivière baissait, son radeau, arrêté par une branche, allait demeurer suspendu. Il eut le temps de couper la branche ; sans cela, dit-il, ses journaux,