Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
218
ÉLOGE DE M. TRUDAINE.


tionale, à faire pencher en sa faveur la balance du commerce, semblaient à M. Trudaine autant d’obstacles au bien même qui en avait été quelquefois le motif et souvent le prétexte.

Il croyait que les lois les plus sagement combinées produiraient tout au plus le même bien que la liberté seule eût produit, et le produiraient plus lentement et d’une manière plus imparfaite.

Mais le commerce, lié d’un côté à l’administration des finances, enchaîné de l’autre part par des traités politiques, était bien loin de pouvoir espérer une liberté entière : M. Trudaine fut obligé de se borner à relâcher ses fers, à rouvrir pour l’industrie des routes que les préjugés avaient longtemps fermées.

Par une suite des mêmes principes, il pensait que plus une denrée est nécessaire, et le besoin de cette denrée général et pressant, plus aussi le commerce en doit être libre, puisque l’effet naturel de la liberté du commerce est de rendre les denrées plus communes, d’en diminuer le prix, et de les faire circuler plus rapidement et avec plus d’uniformité : c’était donc surtout dans le commerce des subsistances que toute atteinte à la liberté lui paraissait dangereuse. Avant même d’avoir aucun autre droit de s’occuper de ces objets, que celui qui appartient à tout citoyen éclairé, il avait employé, auprès des ministres, pour obtenir des lois favorables à la liberté du commerce des subsistances, cette activité, cette persévérance que les hommes n’ont guère que pour leurs intérêts particuliers. Ce zèle ne pouvait naître que d’une conviction profonde, que d’un dé-