cine, il était trop bon observateur de la nature pour n’être pas un bon médecin, et il avait acquis
toutes les connaissances que l’excès de sa sensibilité
lui avait permis d’acquérir : souvent son frère avait
trouvé en lui des lumières utiles, des vues nouvelles
sur des cas rares et difficiles. Il avait enfin longtemps
médité sur l’application de la botanique à la
médecine ; sur la manière de remplacer les plantes
étrangères par des plantes indigènes ; sur la facilité
de substituer des remèdes simples aux remèdes
compliqués des laboratoires ; sur les véritables vertus
des plantes ; sur l’intensité de ces vertus, selon
les terrains, les climats, les saisons et l’âge de la
plante ; sur la nature des substances qui possédaient
ces vertus, et des parties des plantes qui renfermaient
ces substances ; sur les préparations qui
pouvaient ou les altérer ou les conserver. Il développait
toutes ces vues dans ses leçons ou dans la
conversation, sans ostentation comme sans préjugé,
opposant toujours l’observation à la routine qui
arrête la marche des savants, comme à l’esprit de
système qui les égare.
Le second ouvrage de M. de Jussieu est une édition du livre de M. de Tournefort, sur les plantes des environs de Paris : il l’enrichit de la description de plusieurs plantes qui avaient échappé à ce botaniste célèbre, et il y ajouta des notes.
L’Académie des sciences s’empressa d’adopter alors M. de Jussieu ; il y entra en 1725. Quoique la haute opinion que ses confrères avaient de ses talents eût pu lui inspirer de la confiance, il fut quatorze ans