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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/268

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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


dans l’eau, chaque petit grain se brise et laisse échapper, par une déchirure qui se fait à sa capsule, un jet d’une liqueur qui ne peut se mêler à l’eau, et qui y reste suspendue en forme de petits globules : de savants physiciens ont publié depuis cette observation. M. de Jussieu parut avoir oublié qu’il les avait prévenus ; il ne réclama point sa découverte : sa conduite fut la même dans toutes les occasions ; jamais il n’a refusé à personne de lui communiquer, non-seulement ses lumières, mais ses vues, ses conjectures, ses méthodes, ses découvertes, et l’on pouvait s’en emparer sans rien craindre : on était sûr du secret.

On assure que M. de Jussieu avait étendu ses observations microscopiques jusqu’aux liqueurs des animaux, et que les phénomènes qu’il y avait observés lui avaient fait découvrir une analogie singulière entre les deux règnes ; mais comme il n’a rien écrit sur cet objet, et que ces observations, publiées depuis par d’autres savants, ont été contredites par des physiciens très-éclairés, nous imiterons son silence, et nous nous garderons bien d’attribuer des observations peut-être incertaines, à un savant si réservé sur celles même qui étaient le mieux constatées.

Dans ce même mémoire, M. de Jussieu donnait la préférence à Linnæus sur M. de Tournefort, pour la méthode, non de classer les plantes, mais de fixer les caractères botaniques ; il ne lui en avait rien coûté pour prononcer en faveur d’un étranger et d’un rival : tous ceux qui contribuaient aux progrès